Le 20 Août au soir, après un assez long voyage en avion avec escale au Guatemala, j'ai atterri dans mon nouveau pays d'accueil avec une valise à roulette (enfin!!!) et mon sac à dos. Deux valises pour changer de vie...
Malgré mes doutes de dernière minute et quelques questions existentielles qui traînent encore dans les coins, je ne regrette mon choix. J'ai reçu un accueil inespéré de la part du personnel du lycée et de certains collègues: sourires, aide précieuse dans toutes les démarches administrative, et soirée bien arrosée dans un quartier animé dès le premier weekend, car ici aussi les gens s'amusent!! Les choses se font tellement naturellement que j'ai parfois la sensation d'être là depuis longtemps...
Et la vue sur le volcan depuis la terrasse de l'hôtel a bien joué son rôle apaisant:
La première semaine a été consacrée à la recherche d'un logement, démarche que nous avons effectuée en groupe avec les nouveaux et en particulier Gilles, le directeur du primaire, que je connaissais sans l'avoir jamais vu parce que nous avons des amis en commun. Le hasard a bien fait les choses, nous nous entendons très bien, ça aussi ça compte beaucoup dans le fait que je me sente bien ici!
Nous avons visité un peu de tout, un peu partout: des maisons américaines bien trop spacieuses et avec un inconvénient majeur à mon goût: un jardin entouré de murs qui bouchent totalement l'horizon. Mais aussi une grotte, une maison-chapelle avec autel dans la chambre à coucher, des apparts étouffants, des maisons plus petites dont l'espace est déjà occupé par des meubles monstrueux...Tout ça pour finir par choisir un appartement meublé au 5ème étage malgré les tremblements de terre! La vue est belle:
Gilles a logé chez moi le temps d'avoir les clés de sa petite maison sur la colline d'en face, mais depuis deux semaines je suis seule dans mon palace.
L'appartement est grand mais pas trop, quoique: 4 toilettes, 3 douches... Oui, je sais.
Il faut compter avec le "cuarto de la muchacha": la chambre de la bonne, il y a en a dans tous les logements, j'ai encore du mal à m'y faire. La plupart du temps c'est un cagibi, pas de fenêtre, pas d'espace, pas de vie...
Je vais aménager ce chez moi à ma manière, dès que j'aurai le temps! Car après plusieurs mois de vadrouille sans horaire et sans contrainte, le mot travail fait à nouveau partie de mon vocabulaire. Plus que jamais j'en ai bien peur...
De nouveaux élèves qui parlent espagnol et dont chaque intervention est une rafale que je reçois de face, avec toute la concentration dont je suis capable, de nouveaux collègues chaleureux pour la plupart, un nouveau fonctionnement, et de nouvelles responsabilités. La partie formation dont j'ai la charge est une lourde tâche, je le mesure chaque jour un peu plus. Les collègues de la zone Amérique centrale et Caraïbe me contactent avec bienveillance pour me dire qu'ils sont contents que quelqu'un vienne les aider, c'est plutôt positif mais j'espère être à la hauteur et ne pas les décevoir. Je fais lentement connaissance avec un monde nouveau, voire plusieurs: chaque établissement est différent et je dois m'impliquer dans chacun d'entre eux pour contribuer à l'enseignement des langues en général. En gros voilà en quoi consiste ma mission. Un petit tour à Bogotá la semaine dernière, car ici quand on part en stage, c'est toujours soit à Cuba, au Mexique, à St Domingue, enfin, j'ai posé ma valise mais je ne m'encroûte pas pour autant!!!! J'ai eu une pensée émue pour Guéret, lol!!!!
Quelques photos de mon lycée ( je n'en ai pas de la ville ou de la plage car je n'en ai pas pris, c'est là que je vois que je ne suis pas en vacances!!!)
La prochaine étape indispensable dans mon installation sera l'achat d'une voiture, je dois m'y résoudre. Je ne renonce pas à prendre les transports en commun sur certaines lignes, et la marche à pied s'avère compliquée et pas vraiment agréable. Je pensais opter pour une petite voiture, mais la virée à Ataco lors d'une jolie "fête des lanternes" avec des collègues m'en a dissuadée: routes parfois mal entretenues, camions énormes qui doublent à toute allure, dos d'âne improbables sortis de nulle part, une crevaison et ça y est : j'ai choisi la version en hauteur, plus sûre! Pas si simple, la plupart des voitures d'occasion viennent des Etats Unis et ont été accidentées. On ne sait jamais quel choc elles ont reçu, l'aspect extérieur est impeccable...Pour le moment je cherche toujours et suis totalement dépendante des collègues et des taxis.
La ville est assez différente des autres capitales d'Amérique Latine que je connais, plus petite, peu d'immeubles en hauteur, une végétation luxuriante. Beaucoup de circulation, des soirées fraîches malgré la chaleur de la journée, des pluies et des orages tropicaux qui ne sont jamais déprimants. Plutôt américanisée avec beaucoup de chaînes de "comida basura", fast food, la mal bouffe quoi...il faut aller dans les petites cantines locales qui ne paient pas de mine pour manger des choses plus typiques, comme les pupusas.
La plage?....Que dire de la plage, sinon que l'eau est tellement chaude que je vais prendre un cours de surf, dès dimanche!!! J'ai aussi repris un cours de yoga très tonique, j'adore! Pas le yoga déprime que j'avais essayé il y a deux ans, là on bouge, on rit!
Et puis il y a la fameuse insécurité...Quand je barbotais dans l'eau l'autre jour, je pensais à tout ça. Je n'ai pas vu ni ressenti depuis que je suis là cette insécurité dont tout le monde parle. Je comprends mal la mauvaise réputation de ce pays. Difficile de démêler le vrai du faux...Il y a ceux qui disent qu'il ne faut jamais prendre le bus, et ceux qui le prennent tous les jours sans qu'il leur soit arrivé malheur...Ce qui ont renoncé à la marche et ceux qui circulent à pied ou à vélo et n'ont jamais acheté de voiture...
Alors je continue à être vigilante comme je l'ai toujours été partout ailleurs y compris en France et je fais confiance aux gens, aux salvadoriens, tellement serviables, souriants, gentils. Bien sûr je ne me promène pas dans les quartiers réputés dangereux, inutile de provoquer le sort avec ma tête d'européenne, mais qui se promène sereinement dans les banlieues de chez nous?
Tout ça pour dire que vous pouvez venir me rejoindre, profiter de la plage, du climat, des pupusas, des secousses sismiques auxquelles je me suis habituée ( enfin, faut voir, ça dépend!), des volcans et des pays autour que je ne connais pas encore...une expérience enrichissante au bord du pacifique et sous le soleil exactement:). Car même si je suis très heureuse et que je ne regrette pas mon choix, je pense à vous, souvent, et j'aimerais bien partager cette expérience au delà des mots, des mails que j'envoie trop en retard et qui ne reflètent jamais exactement la réalité que je vis ici.
A qui le tour?
Besitos, besitos, y besitos:)
Patricia